Un bien étrange syndrome
Ce que j’aime avec mon petit cinéma, c’est qu’en plus d’être pas loin, pas cher, pas bondé, avec un grand écran dans une grande salle, il me propose des films que je n’aurais jamais pensé aller voir.
Ce week-end, j’ai vu un film auquel je n’ai presque rien compris. Il se passe en Thaïlande, dans un hôpital, à deux époques différentes, mais certaines scènes se reproduisent : un entretien d’embauche, la consultation d’un moine bouddhiste qui raconte au médecin qu’il rêve de poulets qui attaquent, moine qui finalement offre au médecin un mélange d’herbes pour soigner sa nervosité !
Il est beaucoup question d’amour : la doctoresse de la première époque raconte à un soupirant qu’elle repousse qu’elle aime peut-être un marchand d’orchidées ; le docteur nouvellement recruté de la deuxième époque est amoureux d’une femme qu’il embrasse longuement et qui voudrait qu’il la suive sur les lieux de son nouveau boulot : elle lui montre les photos d’une sorte de gigantesque usine parfaite, flambant neuve, en lui présentant ça comme le paradis…
On y voit aussi un moine bouddhiste (un autre) se faire soigner les dents et raconter à son dentiste qu’il a toujours voulu être DJ. Le dentiste lui dit qu’il est lui-même chanteur de variété thaïe et chantonne une chanson d’amour en achevant les soins.
Dans la deuxième partie, la fantaisie est beaucoup plus inquiétante : le nouveau médecin visite les sous-sols de l’hôpital où vivent des familles entières. On y fabrique des prothèses pour des gens mutilés et on y soigne des jeunes gens intoxiqués au monoxyde de carbone.
Il est question de réincarnation. On peut aussi penser que les personnages sont des acteurs à cause d’une conversation hors champ au tout début du film : l’un des médecins dit qu’il a oublié de couper son micro.
Il y a de longs plans enveloppants des statues dans la cour de l’hôpital avec une musique à la « Mulholland drive ». A la fin la caméra fixe une pièce pleine de tuyaux et baignée de vapeurs qui tourbillonnent. On va plonger dans l’un des tuyaux… Et on débouche sur une place où a lieu un cours de gym collectif, et on regarde tout le monde se déhancher pendant quelques minutes.
Le film est fini. Il s’appelle « Syndromes and a century », c’est un film de Apichatpong Weerasethakul. On a l’impression de plonger dans un rêve ou dans un cauchemar comme j’aime. Sinon, je n’ai pas tout compris.
J’oubliais : mon petit cinéma utilise toujours les tickets à l'ancienne…