Deçà, delà, pareil à la feuille morte
… Je reviens de mon escapade parisienne et automnale.
Mon premier réflexe quand j’arrive à Paris, c’est de me précipiter chez G*bert. Certes, je fréquente les bouquinistes de ma ville, il y en a même un que j’aime beaucoup, mais ma visite au GJ est toute différente. Il m’arrive d’y flâner sans idée précise, survolant les rayons en attendant de me laisser tenter par un nom, une quatrième de couverture, sûre d’être confrontée à d’innombrables sollicitations… C’est ainsi que la dernière fois j’ai ramené les Pérégrinations d’une paria, de Flora Tristan. Je l’ai acheté parce que j’avais été amusée par quelquesunes des réflexions de cette illustre militante lors de son tour de France (elle s’indignait que Nîmes consacre de l’argent à la remise à jour de vestiges, alors que les Nîmoises auraient mérité de beaux lavoirs couverts ; la ville ne savait pas utiliser son argent !). Mais maintenant je ne sais pas si j’aurai un jour le courage de me lancer dans ce gros pavé… Parfois aussi je viens avec une liste et une idée très nette des livres que j’aimerais trouver (c’était le cas cette fois-ci, à cause de tous vos blogs), et je repars toujours à demi déçue et à demi satisfaite. Enfin il m’arrive de compléter la collection de mes auteurs bien-aimés (le magasin semble toujours liquider à bas prix son stock de romans et de nouvelles d’Elizabeth Taylor, qui est un très bon écrivain).
Il faisait beau à Paris, ce début de semaine, alors, qu’il était agréable de flâner en mangeant du chocolat, même chargée de livres, en conversant à bâtons rompus malgré l’étroitesse des trottoirs !
A la Bnf, j’ai voyagé dans le temps, avec les héros, « d’Achille à Zidane ».
Exposition très pédagogique et richement illustrée.
Collection de souvenirs :
-j’ai vu de mes yeux vu un manuscrit de la Vie d’Alexandre de Plutarque (dans un grec que j’avais du mal à déchiffrer)
-il paraît qu’il n’y a pas d’héroïsme féminin. C’est que l’Histoire a du mal avec ça. Pourtant il paraît qu’autrefois des femmes ont porté armures et parfois se battaient, comme la Grande Mademoiselle au 17e siècle.
-il y a des héros oubliés, comme Joseph Epstein. Ce résistant, qui combattit durant la guerre d’Espagne, fut fait prisonnier pendant la guerre et s’évada, qui enfin fut à la tête des FTP parisiens, pris en même temps que Manouchian (« L’affiche rouge » diffusé par diverses bornes audio ne cessa de résonner dans la salle), fut torturé des mois et fusillé. Mais ce polonais communiste fut oublié à la Libération, comme les autres étrangers qui avaient pris part aux combats et les femmes qui avaient eu un rôle actif dans la Résistance.
Et enfin, je me suis envolée vers les 4 coins du monde. Il m’a suffi d’un ticket de métro et d’arpenter le quai Branly, où se tient l’exposition Photoquai (nom étrange, j’entends « ‘faut toquer ! » mais il n’y avait pas de porte et même quelques courants d’air glacé, ou encore « faux toqués », et les grains de folie étaient multiples mais très emballants).
J’ai vu des pays brumeux,
et d’autres à la profondeur de champ extraordinaire,
des scènes quotidiennes,
et d’autres fantastiques,
des photos publicitaires
(voile chic),
et des femmes voilées que le miroir révèle,
j’ai souri,
j’ai été émue.
Régulièrement, des joggers passaient sur la plate-forme recouverte de graviers et la faisaient trembler. J’essayais d’ouvrir les yeux.
[J’aime beaucoup la photographie, c’est un art qui m’a souvent donné de belles émotions esthétiques.] Et au-delà des photos, il y avait des histoires, étranges (les photos péruviennes me replongeaient en plein réalisme magique d’Amérique du Sud) et terribles (cette femme chinoise tuée dans un « salon de coiffure » nocturne (une maison de prostitution) sur laquelle on retrouva un relevé de compte qui montrait sa grande pauvreté et un agenda avec une déclaration d’amour à son mari).
Promenez-vous sur les quais !
[désolée, je n’ai pas noté les noms de tous les photographes ; le seul que je peux nommer sans difficulté c’est celui qui a saisi l’homme à tête de cheval et la femme aux piranhas : Javier Silva (Pérou).]
PS : merci à mes hôtes !