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Ce que dit Rose
11 février 2008

Une part de tarte apaise (un peu) le désespoir

Il m’est arrivé d’être ouvreuse dans un cinéma et d’espérer très fort que les spectateurs acceptent de consommer des sucreries imitant vaguement la saveur de la fraise ou de la banane, des glaces aux noms pleins de superlatifs ou même du pop-corn dont le parfum grillé et doucereux emplissait les couloirs du cinéma.
Mais en tant que spectatrice, il ne me viendrait jamais à l’idée de mâchonner pendant toute la séance ou de vider un énorme bac à pop-corn.
M’identifier ou manger, il faut trancher.

blueberry


Cependant je dois reconnaître qu’avec le dernier film de Wong Kar Wai, s’identifier ouvre l’appétit et qu’il apparaît douloureusement urgent de savourer une tarte à la myrtille accompagnée d’une boule de glace. Pour accentuer la torture, le coulis de fruit est régulièrement filmé en gros plan en train de se mêler langoureusement à la crème vanille.
On se souvient alors combien on enviait l’héroïne d’In the mood for love lorsqu’elle arpentait les rues, suprêmement élégante, une boîte de nouilles à la main.

Les amants presque prêts à tomber amoureux sont cette fois devenus américains et le réalisateur s’applique à adapter à ce nouvel univers ses scènes fétiches, scènes d’aveux jamais achevés, déplacements inutiles, discret désespoir, métro glissant aveuglément dans la nuit. Et aussi à revisiter à sa façon les scènes, les personnages, les lieux du cinéma américain, tel qu’on le regarde de l’étranger : en vrac, les restaus avec serveuses en tablier blanc versant du café aux flics fatigués, le road-movie, Las Vegas, la joueuse de casino, le café du coin de la rue à New York, la vamp fatale…

Au début j’ai eu du mal à accepter ce transplantage d’univers : Jérémy (Jude Law) est un patron de café craquant à souhait, mais je suis restée assez insensible d’abord à la détresse d’Elizabeth (Norah Jones, pas très touchante), jeune femme au cœur déchiré par un amant perdu, qui trouve refuge dans ce café où elle savoure des parts de blueberry pie, la tarte toujours laissée pour compte par les clients.
Commence ensuite le road-movie consolateur qui l’amène à rencontrer d’autres amoureux tragiques, à affirmer son caractère, à laisser évoluer ses sentiments…
Comme dans un roman ancien, les histoires s’enchâssent, et Elizabeth, devenue Beth ou Lizzie, se contente d’observer les ravages de la passion dans une petite bourgade paumée ou d’écouter les confidences et les conseils pas si clairs d’une joueuse de casino… (j’ai été particulièrement touchée par les figures féminines secondaires)

Même si on réentend le thème d’In the mood for love, ce film sucré serre moins le cœur et est dans ses variations moins parfait que 2046, que j’avais adoré. Mais on passe un moment très doux quand même.

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Commentaires
R
oh anjelica, alors tu n'as pas le coeur tendre comme celui d'une blueberrypie ?! ;)
A
je vais donc l'éviter car contrairement à beaucoup 'in the mood for love' ne m'avait pas du tout émue, ni plut d'ailleurs !
R
Effectivement, InFolio, tu as repéré l'une des "faiblesses" du film : l'héroïne bien que dévorant une tarte entière ne ressemble jamais à une petite fille barbouillée de bleu, ce qui est fort étrange ! Tous les films de Wong Kar Wai sont un peu des suites à "In the mood for love" et "2046" comporte un épisode délicieusement SFFF...
I
euh, oui, je me suis égarée. <br /> Wong Kar Wai. <br /> Je garde quelques images diffuses de "In the mood for love". Et effectivement, cette femme en tailleur marchant sur ses talons haut est une image qui est restée en moi. Très belles images dans ce film... <br /> Je n'ai pas vu les autres malheureusement. <br /> Mais j'ai la BO de In the mood for love. Ca m'y fait repenser parfois.
I
et la langue bleue... <br /> Miam les myrtilles ! un plaisir d'aller les ramasser dans les bois quand j'étais petite...
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