Flâneries - 4
Au Mémorial de la Shoah sont exposés divers objets fabriqués dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (dans le Loiret) où furent retenus prisonniers des hommes arrêtés lors de la rafle du « billet vert » (qui a consisté à convoquer des Juifs pour « examiner leur situation », en fait les interner sur-le-champ dans ces camps) puis victimes d’arrestations à domicile, plus tard.
Porte-plumes personnalisés, bateaux miniatures, jouets d’enfants, brouettes, armoires de poupées, petit lit, distributeurs de cigarettes, menus objets envoyés à la famille, offerts en cadeau aux enfants qu’on ne voit plus, ou lors de rares visites…
Tout cela n’a cessé de m’évoquer le roman d’Ishiguro qui m’a si fortement impressionnée il y a quelques semaines.
Très vite se sont organisés dans les camps des ateliers, un artisanat, un service culturel. Mais comme dans le roman d’Ishiguro ces « preuves » d’humanité, pourtant présentées dans des expositions (comme dans la « galerie » de Madame), ne suffirent pas à sauver ces hommes de la déportation.
Mêmes euphémismes pour désigner les prisonniers qui ne sont qu’"hébergés" dans ces camps (on se souvient des « donneurs » d’Ishiguro), même résignation aussi des prisonniers (qui se rendirent à la convocation par légalisme).
Dans les collections permanentes, le journal d’Hélène Berr, ouvert à la page où elle décrit le regard des autres sur l’étoile qu’elle se met tout juste à porter.