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Ce que dit Rose
24 janvier 2010

Je ne lis plus

Je commence un recueil de poèmes (et ce n’est pas la révélation attendue), un texte antique (ou deux), une traduction italienne, un roman bien plié dans du papier transparent de la bibliothèque, sur la page de garde duquel quelqu’un a écrit en lettres capitales ECOUTE ! (au crayon), et je les oublie.

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Je  vais au cinéma (ou dans mon salon devant la télé). Jamais je n’ai vu avec une telle fréquence des films allemands ! Après le double visionnage d’un film de Fassbinder, je me suis dit que j’étais prête à regarder sans sous-titres Sonnenallee, un film assez euphorisant qui raconte les aventures cocasses d’une bande de copains habitant près d’un poste-frontière du Berlin Est des seventies. Erreur : j’ai dû comprendre le sixième des dialogues, mais je suis restée sous le charme du héros dégingandé en transe à l’écoute de la musique interdite des rockers occidentaux. C’est cependant sur la musique de « La légende de Paul et Paula »  (mythique love story est-allemande) qu’il s’approche de la jolie blonde dont il est amoureux (qui lui préfère un temps un gars de l’Ouest un peu flambeur). Il croise même Paul sur le palier de sa dulcinée (merci à Wikipedia de m’avoir révélé les compromissions du meilleur ami de Micha avec la stasi et la présence de Paul, que je n’avais pas reconnu !). Après j’avais envie d’écouter une vieille chanson de Nina Hagen (Micha, Du hast den Farbfilm vergessen) qui clôt le film mais Deezer n’en propose que des versions imparfaites.

Ensuite je me suis décidée à aller voir les enfants martyrs du « Ruban blanc » d’Haneke. Je ne me suis pas ennuyée devant cette chronique pseudo-policière et morale, même si présenter cette histoire comme une genèse du nazisme me paraît par trop schématique. On voit surtout jouer les rouages de l’oppression et de la violence, familiale, sociale, religieuse (et historique, puisque les crimes perpétrés cessent d’intriguer lorsqu’éclate la guerre en 1914, chacun pressentant que la vie du village n’aura plus pour lui aucune importance).

Quelques jours avant, je me disais au contraire en regardant « le chignon d’Olga » de Jérôme Bonell que j’aurais adoré être élevée dans l’ambiance chaleureuse et artiste de la famille du héros. La tristesse (une mère disparue) y est pudique, les serveuses s’offrent avec douceur pour consoler la peine du veuf, on organise des soirées costumées dans les cafés de village, tous les personnages y sont musiciens, danseurs ou écrivains, les enfants y regardent sans lassitude les vieux films de Charlot, chacun a dans la salle de bain sa façon propre de grimacer devant la glace ou de l’asperger avant de sortir, on y mûrit doucement, en découvrant que votre coup de foudre a une autre vie et ne sera jamais à vous…

Mais revenons au nazisme ; la France occupée est la toile de fond d’Inglorious Basterds, le dernier Tarantino. C’est un film que j’ai adoré découvrir (avec des mois de retard) ! Il a quelque chose de complètement vain (s’inscrire dans un univers « réaliste » pour le dynamiter à la fin en faussant l’Histoire), mais comme c’est plaisant de voir Tarantino nous raconter encore une fois une histoire du cinéma, nous gratifier d’un film dans le film ultra-violent fort apprécié des spectateurs (des nazis donc des brutes autoritaires et ridicules ; il est à noter que les basterds américains du titre partagent avec leurs ennemis ces caractéristiques ; on sait que la « star » du film est Christoph Waltz, primé à Cannes pour son interprétation d’un « chasseur de juifs », à la fois charmeur et terrifiant, personnage plus subtil mais parfaitement cruel) , un film donc qui paraît être une dénonciation de la brutalité au sein d’un film lui-même fort violent qui n’hésite pas à tuer presque tous ses personnages ! Comme d’habitude, c’est moins l’action et ses pics de violence que les interminables palabres (autant de scènes de torture psychologique) qui captivent, font rire et frissonner. Tout est artificiel (comment expliquer que la paysanne fugitive soit devenue exploitante de cinéma ?), tout est citation, et les efforts de reconstitution de l’époque (le maquillage de Shosanna, les chaussures en cuir de la comédienne) semblent paradoxalement un artifice de plus (la bouteille de lait du début m’a paru incongrue, comme la casquette Gavroche de Shosanna, trop « cliché parisien » pour être vraie) !

Dans « Les nuits de la pleine lune », la même impression de reconstitution (involontaire, puisque le film date des années 80 et dépeint une action contemporaine) m’a attendrie ; j’ai aimé revoir le sac en plastique dans lequel l’héroïne en mal de liberté trimballe ses affaires entre Paris et la banlieue (où l’attend Tchéky Karyo, tout jeune, qui joue un sportif aux cheveux un peu luisants) et les baskets blanches à scratch de Fabrice Luchini (comment compte-t-il séduire l’héroïne ainsi sanglé, cela reste un mystère). Plus profonde et mûre que le « chignon d’Olga », cette comédie de Rohmer s’achève aussi plus cruellement…

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Commentaires
R
à suivre oui :) le film de Tarantino est un coup de coeur !
S
Dans ta liste j'en ai vu deux qui m'ont laissé un très beau souvenir esthétique, même si c'est par des manières fort éloignées : Les nuits de pleine lune et le ruban blanc.<br /> J'ai depuis longtemps très envie de voir Inglorious Basterds,et tu m'as donné très envie de découvrir le chignon d'Olga... à suivre;)
R
Même en le comprenant mal, j'ai trouvé Sonnenallee plaisant ; le héros a un corps d'acteur burlesque, il est drôle et touchant. <br /> Et oui, je connais pas mal de "perles allemandes" grâce à des correspondantes berlinoises ^^(*nostalgie*)
M
J'ai vu une partie de Sonnenallee à la télé allemande, je n'avais rien compris non plus, mais j'ai envie de le revoir: les acteurs et l'ambiance m'avaient plu.<br /> Et tu connais "Du hast den Farbfilm vergessen"! J'ai toujours l'impression que si peu de gens connaissent les perles allemandes...
R
Je serais ravie de partager avec toi une séance de cinéma et une conversation d'après-film ;)
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