Proust et Apollinaire – Que la guerre est jolie
Lus cet hiver, les Calligrammes d’Apollinaire s’extasient sur les feux du front qui transforment le paysage en un territoire féérique ; il y voit des joyaux des profondeurs de son « palais du tonnerre », des femmes à la beauté éclatante, des signes « comme les lettres d’un livre », ils sont le journal d’un amour cosmique ( ce qui n’exclut pas la distance ironique du soldat bien conscient de ces braises venues rôtir le corps humain pour la terre anthropophage).
Dans le Paris de la même guerre, le narrateur de La Recherche évoque aussi des constellations nouvelles se mêlant aux étoiles, une lumière qui transfigure la ville et la change en ville orientale, comme si les citadins étaient plongés dans l’univers des Mille et une Nuits. C’est la lumière moderne des appareils photos capturant la beauté des monuments de Paris menacés.