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Ce que dit Rose
27 août 2008

Sans contrefaçon, je suis un garçon

ichijo

Je me suis dit que je n’aimais pas du tout les graphismes : grands yeux, boucles qui volent au vent, silhouettes toutes identiques, portraits stéréotypés, regards qui en disent long… Il ne me semblait pas que les personnages de Kei Toumé dans Sing « Yesterday » for me avaient été si puérilement tracés.
Mais les rebondissements du premier volume de « L’infirmerie après les cours » de Setona Mizushiro ont balayé mes préventions.
Le trio amoureux qui semble régir tous les shojos est ici épicé par l’indécision sexuelle du héros : Mashiro Ichijo est mi-fille mi-garçon et nous le découvrons d’abord farouchement décidé à affirmer sa virilité. Pour cela, il prend sous sa protection Kuréha, une lycéenne tourmentée ; mais So Mizuhashi, beau, ténébreux et obstiné, tourne autour de lui et semble avoir perçu sa nature féminine…
Tout cela semble fort étrange : c’est que nous pénétrons en territoire surnaturel, dans un lycée où des cours du soir très particuliers, destinés à soigner ? exorciser ? affronter ? les tourments de nos adolescents ont lieu le jeudi après les cours dans une infirmerie surnuméraire.
Les premiers cours auxquels nous assistons sont pour le moins violents et réunissent d’étranges participants : un être en armure pas très chevaleresque, une main au bout d’un bras démesuré, une enfant perverse, une fille dont le visage et la poitrine sont percés de trous béants, une fille en imperméable souillé et notre héro(ïne), le seul à apparaître sous ses propres traits. Ils partagent un rêve commun au cours duquel ils s’affrontent et dont ils peuvent être éliminés si leurs émotions les submergent. Ces rêves amènent des plongées dans les souvenirs des élèves qui nous révèlent par exemple dès le premier volume les traumatismes de Kuréha. Le but est de trouver une clé pour quitter le rêve et l’école ; on la trouve quand l’heure est venue…
Le déroulement des combats un peu « jeu vidéo » m’a laissée un brin sceptique, mais le caractère étrange, mi-romantique mi-horrifique, du récit m’a intriguée. Le manga commence d’ailleurs comme « Carrie », par les premières règles de Mashiro, qui provoquent chez lui un malaise proche de celui de l’héroïne du film d’horreur.
Le plus intéressant est donc l’exploration des peurs des personnages, qui alimentent les rêves mais organisent aussi la réalité : le couple de Mashiro et de Kuréha semble d’emblée bien fragile, construit sur la crainte d’être femme et la peur de la violence masculine.
Les volumes suivants introduisent d’autres personnages, très (trop ?) normaux ou très spéciaux, et ne laissent pas de côté le troisième héros : So Mizuhashi est le personnage le plus mystérieux, celui qui alimente les peurs et les fantasmes. Participe-t-il au cours ? sous quelle apparence ? ça, ce sont les interrogations de Mashiro, de plus en plus troublé. Le lecteur aussi s’interroge : pourquoi le séducteur de l’école est-il si attiré par le jeune Mashiro et comment connaît-il son secret ?
Le problème, après, c’est l’addiction. J’ai lu trois volumes, durant lesquels Mashiro a passablement évolué, mais il en reste sept et bien des mystères quant à l‘identité des participants, leurs troubles, leur destin… le terrible engrenage que celui des feuilletons !

Ce billet me paraissait à sa place après l’évocation des Vivian Girls d’Henry Darger (qui survivent à leur créateur dans bien des chansons ou des noms de groupes de rock outre-atlantique, m’apprend G00gle).

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Commentaires
L
Ah oui oui moi aussi je suis trrrrrès tentée et pourtant le genre (bien que j'en ai deux trois en réserve :(, ne m'attirait pas trop... <br /> Alalalala, vais je tenir mes promesses de finir les piles à lire ???
R
Celui-là n'est vraiment pas mal ; une bonne lecture de vacances !
V
Tu arriverais presque à me tenter par les mangas actuels.
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